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Conseil scientifique du Maire de Paris : un vrai « faux-rapport »
par Priartem
Les grandes signatures ne suffisent pas à assurer la qualité d’un rapport d’expertise. Si on en veut la preuve, il suffit de se pencher sur le rapport remis en juin au Maire de Paris par son conseil scientifique. Cosigné par quatre scientifiques dont le cv est particulièrement riche de titres et d’expériences, ce rapport n’a de scientifique que le nom et brille par ses approximations, ses certitudes non démontrées et surtout une méthode d’expertise affligeante.

Ce rapport était inscrit à l’ordre du jour de la dernière réunion de la commission sur la téléphonie mobile, le 5 octobre 2006. Il nous était présenté par le Président du Conseil scientifique, Monsieur Vincent Courtillot, Directeur de l’Institut de Physique du Globe, ancien Directeur de la Recherche au Ministère de l’Education Nationale. Le débat qui a suivi a été l’occasion pour Priartem et Agir pour l’environnement d’en démontrer l’indigence.

Sur la méthode tout d’abord

Comme c’est le cas dans la plupart des rapports d’expertise, celle-ci est fondée sur deux éléments : des auditions et une revue bibliographique.

Donc, a priori rien à dire. Sauf que les auditions se sont limitées à deux rendez-vous, l’un avec les éternels Veyret et De Sèze, l’autre avec des membres de la Criirem qui se sont plaints de n’avoir été reçus qu’une heure et à peine écoutés. Comment après tous les scandales qui se sont succédés depuis 2003 (Impact Médecine, déclarations de Monsieur Paillotin…) et qui viennent de se solder par un rapport qui dénonce la non-indépendance de ces experts, comment donc, peut-on une fois encore, alors que l’on choisit de se contenter d’un si petit nombre d’auditions, faire appel à des personnalités si décriées ?

Pourquoi ne pas entendre des scientifiques qui viennent de publier, sur le sujet, des résultats qui justement ne vont pas dans le sens de la science officielle. Pourquoi pas un Kundi, pourquoi pas un Aldkoffer, pourquoi pas un Kjell Mild… ?

Or, non content d’écouter Messieurs Veyret et de Sèze et d’en admirer les talents pédagogiques, les rapporteurs se sont essentiellement intéressés à leurs écrits : le rapport de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) rédigé par B. Veyret et R. De Sèze, et le rapport de l’AFSSE de juin 2005 auquel B. Veyret a largement contribué. En dehors de ces deux rapports sont cités, comme sources bibliographiques, l’étude TNO, l’étude suisse répliquant TNO et les documents fournis par la Criirem dont il est dit immédiatement qu’il s’agissait de coupures de journaux.

Avec cela, on va loin. A part TNO - dont on doute d’ailleurs que le rapport ait été analysé sérieusement puisqu’il est reproché à TNO de ne pas être une recherche en double aveugle - et l’étude suisse, il s’agit surtout d’une lecture de lectures. Ce qui n’empêche pas les auteurs d’être persuadés d’avoir trouvé dans le rapport de l’OPECST un « document très complet ». Pour pouvoir dire qu’un document est complet encore faut-il s’être donné la peine de lire intensément la littérature scientifique existante, ce qui est loin d’être le cas comme a pu le montrer le contenu du débat en séance.

Sur la rédaction ensuite

De la lecture du rapport, il ressort le sentiment très net que l’opinion des auteurs était déjà faite avant même de commencer : ainsi la première audition , celle de Veyret et de Sèze « a confirmé » les auteurs « dans le sentiment qu’aucun effet statistiquement démontré n’était réellement établi ». Constat intéressant lorsque l’on sait que seul un travail épidémiologique peut établir cette reconnaissance statistique et qu’aucun travail épidémiologique de grande ampleur n’a été réalisé sur les riverains d’antennes-relais.

De même la remarque concernant les plaintes de riverains est significative d’une position déjà arrêtée : « il existe par ailleurs des déclarations de nuisance de personnes vivant à proximité d’une station de base (et le sachant) qui rapportent une gêne de leur vie quotidienne. » D’où les auteurs qui n’ont pas rencontré un seul riverain tirent-ils cette affirmation, alors que nous disposons, pour notre part, de dossiers médicaux qui prouvent que les personnes intéressées, avant même de savoir qu’elles étaient exposées aux rayonnements d’une antenne-relais, se plaignaient auprès de leurs médecins de troubles de santé et qu’elles n’ont découvert que plus tard l’existence de cette antenne.

De graves lacunes

L’élément le plus choquant du rapport concerne, sans aucun doute, l’affirmation sans nuance concernant l’ADN : « On peut retenir qu’à ce jour aucun effet du rayonnement électromagnétique du type de celui émis par les antennes-relais ne provoque d’effet physicochimique décelable notamment sur l’ADN, même à des niveaux de rayonnements bien supérieurs à ceux utilisés. »

Nous avons demandé à Monsieur Courtillot ce qu’il pensait des travaux coordonnés par le Professeur Aldkoffer dans le cadre du programme REFLEX. Nous avons eu alors la très désagréable surprise de l’entendre nous répondre qu’il ne connaissait pas ces travaux « mais que bien sûr on ne pouvait pas tout connaître et on pouvait toujours en oublier ».

Certes, mais lorsqu’il s’agit du seul grand programme européen au financement duquel l’industrie n’a pas du tout contribué, programme qui a impliqué12 équipes de recherche, dont les protocoles rigoureux interdisent toute possibilité de mise en doute des résultats, on ne peut que s’étonner pour ne pas dire s’offusquer qu’il soit resté inconnu des scientifiques qui ont rendu ce rapport et qui s’autorisent à tant de certitudes. Nous avons rappelé, en séance, la présentation qu’en a faite à la presse le Professeur Alkoffer :

« Les RF-EMF sont à même de produire, en-dessous des limites de sécurité actuellement en vigueur des ruptures d’ADN… Il se produit lorsque des cellules HL60 sont exposées à des RF_EMF non ionisées le même phénomène que celui que l’on observe après exposition aux rayonnements radiologiques ionisés. » C’est vrai qu’il s’agit là de déclarations très gênantes.

Nous avons également rappelé que Aldkoffer avait anticipé les silences dont on pourrait entourer ses résultats : « Malheureusement ces résultats (ndlr : c’est-à-dire ceux qui indiquent un effet de toxicité pour les gènes de l’exposition aux RF-EMF) sont jusqu’ici soit ignorés, soit – lorsque cela n’est plus possible – critiqués comme étant éminemment douteux, ceci de la part des milieux concernés. A vous de faire votre propre opinion ». Il ajoutait : « Tant que la situation du savoir est incomplète, les données REFLEX confortent la conviction que le principe de précaution pour la protection de la population devra être reconnu par les décideurs de l’industrie et de la politique ».

Sans doute que tout cela le très pédagogue Veyret, qui connaît bien les travaux de REFLEX puisqu’il y a participé et qu’il a été le seul à ne trouver aucun effet, a oublié de le signaler ! Nous pouvons espérer que Monsieur Courtillot saura lui reprocher de l’avoir mis dans une situation aussi délicate !

Ce rapport est un non-rapport avec lequel le Conseil de Paris a dû prendre ses distances. Si d’aucuns osent s’y référer lors de réunions publiques, vous pouvez utiliser tout ce qui précède pour le dénoncer.

 
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